Bayonne ville Taurine
La ville de Bayonne est la plus vielle place taurine de France. Nous en trouvons d’ailleurs la preuve dans un arrêté des échevins bayonnais de 1289, réglementant la course (l’Encierro) des vaches et des bœufs dans les rues jusqu’à l’endroit de l’abattage. Plus vieil écrit taurin connu au monde, il fait déjà état d’une tradition.
Les jeux taurins, à Bayonne, se sont développés sous diverses formes et ont évolué au fil des siècles, allant des courses de vaches traditionnelles des fêtes de Bayonne, aux corridas.
Les courses de vaches aux fêtes de Bayonne :
L’une des traditions indémodables des fêtes de Bayonne, est la course de vaches. Organisées depuis les premières fêtes de Bayonne, appelées à l’époque « Grandes fêtes de l’été », cette tradition est très fortement inspirée, de « l’Encierro » des fêtes de Pampelune.
Les premières fêtes de Bayonne officiellement déclarées ouverte le 13 juillet 1932, ont été organisées suite à la proposition d’un groupe d’amis habitués des fêtes de Pampelune. Leur volonté était de donner, à leur ville, des fêtes semblables à celles de la San Fermin à Pampelune, (les deux villes seront jumelées, par la suite en 1960).
Ainsi, plusieurs traditions de la San Fermin (liées à la culture bayonnaise) ont été empruntées puis adoptées par les Bayonnais. L’organisation de corridas et des courses de vaches, en font partie.
L’Encierro, évoqué précédemment, est un terme désignant l’enferment des taureaux destinés aux corridas. La tradition est d’accompagner en courant les vaches et taureaux sur le trajet les menant du corral, aux arènes. Dérivées, de cette pratique, les courses de vaches des fêtes de Bayonne, se déroulent depuis toujours sur la place Paul-Bert, qui se transforme pour le temps des festivités en arène à ciel ouvert. Durant ces quelques jours, quatre courses ont lieu en réponse au succès grandissant de cette tradition à Bayonne.
Bien qu’aujourd’hui les courses de vaches soient à Bayonne, ce que l’Encierro est à Pampelune, elles sont bien moins dangereuses. Les « festayres avertis » comme les simples spectateurs savent que le danger est moindre comparé à celui de Pampelune.
Bayonne première place taurine :
Chaque année durant la période estivale de Juillet à Septembre les arènes de Bayonne proposent au public une Temporada (saison taurine). Avec ses férias, une programmation de corridas, de novilladas, avec picador et sans picador, attirent une grande foule d’amateur.
Historique :
Venue d’Espagne la tradition de la corrida fut répandue et fut installée à Bayonne au XVIIIème siècle. La première course de taureaux à l’espagnole fut donnée à Bayonne en 1701, en l’honneur du Roi Philippe V d’Espagne. Elle se déroula sur la place Grammont, aujourd’hui place de la Liberté, où pour l’occasion fut aménagé un amphithéâtre, afin d’accueillir la corrida. Cette première course de taureaux en terre Française, restera cependant un fait isolé.
La ville de Bayonne comprend rapidement la nécessité de clôturer la corrida dans des enceintes, préfigurant les arènes que nous connaissons aujourd’hui. Dès 1842 il fut évoqué de mettre en place à Bayonne les corridas à l’espagnole, et en 1951 furent organisée à St Esprit (ville séparée de Bayonne à l’époque) des courses hispano landaise (novilladas sans picador accompagnés d’écarteurs landais).
Au XIXème siècle, émergea la volonté de protéger les animaux. La Société de Protection des Animaux (S.P.A.) née le 3 avril 1846, travailla en ce sens. En Juillet 1850, la « loi Grammont » sanctionna, avec peine d’amende, les mauvais traitements sur les animaux domestiques exercés publiquement et abusivement. La corrida fut désormais interdite en France.
Cependant, en 1852, malgré l’interdiction, les corridas Bayonnaise furent installées. A partir de cette date, le théâtre de la tauromachie bayonnaise fut situé, au quartier Saint-Esprit sur l’emplacement occupé aujourd’hui par le groupe scolaire Jules Ferry. Sur cette place, appelée « place de la Course », furent installées les premières « arènes » de Bayonne, semblable à un cirque, ou les matadors espagnols succédèrent aux écarteurs landais (courses landaises). En effet, voyant le succès des premières corridas, les habitants de Saint Esprit, décidèrent d’organiser une corrida à l’espagnole, en 1853. Une délégation fut donc envoyée à Paris afin de défendre le projet, et un décret impérial fut alors délivré pour autoriser les habitants de Saint Esprit à organiser des corridas pour une durée de dix ans. Désormais le véritable point de départ des corridas de Saint Esprit fut donné. 1853, fut donc l’année de la première corrida « moderne », avec mise à mort et picadors, en France. A partir de 1862 la période de tauromachie bayonnaise connu quelques difficultés et près d’un quart de siècle s’écoula avant que ne renaissent les corridas, à Bayonne.
En effet, après la démolition du cirque de Saint Esprit, et quelques tentatives infructueuses, de reconstruction de cirques en plusieurs lieux différents, gênées notamment par les associations de sauvegarde des animaux (S.P.A) et s’opposant aux corridas, il fallut attendre l’année 1893, pour voir renaitre la grande période de tauromachie bayonnaise, avec l’inauguration des nouvelles arènes de Bayonne, à Lachepaillet. Ces arènes, en béton, sont celles que nous connaissons aujourd’hui. De style néo-mauresque, style de l’époque, elles sont les plus grandes du Sud-Ouest, et font aujourd’hui partie du patrimoine municipal.
Une tradition et une culture vivantes :
Bien que la tourmente causée par les « anti-corridas », motivés par la sauvegarde des animaux, qualifiant les corridas d’acte de torture envers les animaux persiste, la tradition taurine est encore aujourd’hui bien ancrée dans la culture bayonnaise. Cette tradition est largement soutenue par la vitalité d’amateur, s’exprimant au sein de clubs et « peñas ». Elle est également soutenue et diffusée sur le plan artistique, grâce aux photographes, journalistes, peintres, musiciens, écrivains … qui transmettent leur passion et animent la vie taurine de Bayonne.
En janvier 2011, le ministère de la culture inscrit la corrida au patrimoine immatériel français.