L'église Saint-André
L’église Saint-André est bâtie entre 1856 et 1869, dans le style néo-gothique alors très en vogue, adopté par de nombreuses églises paroissiales construites à la même époque, fin 19e s.
Dessinée par les architectes Durand et Guichenné, elle servit notamment de modèle à l’église Saint-Jacques de Pau, et a été conçue comme une réplique de la cathédrale de Bayonne que l’on s’apprêtait alors à doter de ses deux flèches (1872-1873).
Inscrite dans un quartier au passé religieux très riche comptant pas moins de cinq couvents (Jacobins, Cordeliers, Clarisses, Visitandines et Capucins) à la veille de la Révolution, l’église Saint-André s’élève sur l’emplacement du Collège de Bayonne qui fut dirigé à ses débuts par les fondateurs du jansénisme, le théologien Jansénius et son ami Jean Duvergier de Hauranne, Abbé de Saint-Cyran. L’édification de ce bâtiment dans le style néo-gothique le plus pur, à cet endroit précis, est apparue pour certains comme l’affirmation du catholicisme triomphant sur le courant janséniste, encore latent au sein du clergé local. Le prêche inaugural de l’église Saint-André, qui évoque l’expiation de l’hérésie janséniste deux siècles après la fin officielle de la querelle, semble vouloir leur donner raison…
La construction de Saint-André a été financée en grande partie par le legs du banquier Jacques Taurin Lormand à la ville de Bayonne - 5 millions de francs répartis en plusieurs dons - qui prévoyait une somme spécifique pour la construction de l’église et de son presbytère. La commande est passée dés 1846 aux deux architectes qui rédigent un projet d’église conforme au budget avancé par la Fabrique paroissiale (266 000 frs). Les aménagements intérieurs dépassant le budget initial, le conseil municipal alloue en 1858, une somme supplémentaire de 110 000 frs pour finaliser les travaux. Mobilier, autel, vitraux, orgues et cloches, tout est pensé et créé dans les moindres détails pour former un ensemble homogène et cohérent. L’inauguration a lieu le 7 mars 1862, suivie une année plus tard de celles des grandes orgues Wenner et Götty, offertes par l’empereur Napoléon III. A la même époque, les abords du bâtiment sont dégagés : l’ancienne église Saint-Thomas et le couvent des Capucins, qui jouxtaient le nouvel édifice au nord sont démolis.
Dés 1875, l’architecte diocésain Emile Boeswillwald, souligne la nécessité de travaux urgents de consolidation car les fondations de l’édifice sont fragiles - rappelons que le quartier du Petit-Bayonne, ancien « Bourgneuf », s’est développé au Moyen-Age sur les berges marécageuses de l’Adour et de la Nive - mais ses recommandations restent lettre morte. La suite des événements va malheureusement lui donner raison : le 13 décembre 1895, une partie de la voûte s’effondre sur la tribune de l’orgue, occasionnant de lourds dégâts.
Les plans de restauration prévoient la démolition des flèches, trop lourdes, qui culminaient à 74 m. En 1903, l’église dont la façade principale est désormais encadrée de deux tours beffrois massives, présente l’aspect extérieur que nous lui connaissons aujourd’hui.
Pour aller plus loin :
- ROUSSEAU PLOTTO E. « L’église Saint-André de Bayonne » in BVAPA, n°18, juill. 2002
- ROUSSEAU PLOTTO E. « Un chef-d’œuvre méconnu : les grandes orgues de l’église Saint-André de Bayonne » in BMB, n° 151, 1er semestre 1998, p. 5-31
- DUCERE E. Dictionnaire historique de Bayonne, tome 2, Bayonne, 1915