La frontière franco-espagnole au Pays Basque
La «frontière» s’entend habituellement comme la «limite de souveraineté et de compétence territoriale d’un État ».
Pendant des siècles, le bétail et le commerce tracèrent les routes sans se soucier des questions géographiques et administratives. Ainsi, les Espagnols exportaient de la laine, des fruits, de l'huile et du sel, les Français passaient les Pyrénées chargés de tissus, de pois, ou menant les bêtes aux foires.
Le Traité des Pyrénées, signé en 1659 sur l’Île des Faisans au milieu de la Bidassoa, par les royaumes d'Espagne et de France, établissait que la frontière entre les deux pays suivrait la ligne de crête du massif Pyrénéen. Mais dans les faits, elle restait abstraite et n’entraîna aucun changement dans les usages des populations. Le tracé actuel fut établi en 1856, par le Traité de Bayonne, pour ce qui concerne la partie allant de la Bidassoa jusqu’à la frontière séparant la Navarre et l’Aragon. Puis les traités de 1862 et 1866 vinrent compléter ce tracé jusqu’à la Méditerranée. Elle fut enfin matérialisée grâce à l’implantation de 602 bornes de pierre d'Est en Ouest.
Quant à la frontière douanière elle n’apparût qu’à la fin du XIXe Siècle, s’accompagnant du contrôle douanier systématique au passage de la frontière.
Durant la guerre civile d’Espagne, la frontière fut franchie par de nombreux espagnols cherchant refuge en France. Quelques années plus tard, pendant la seconde guerre mondiale, le mouvement s’inversa, l’Espagne devenant un passage obligé pour les Français qui voulaient rejoindre l’Angleterre. A la fin de la guerre, suite à l’exécution par Franco de dix guérilleros espagnols ayant combattu aux côtés de la Résistance, le Général De gaulle décida de fermer la frontière des Pyrénées, à toute circulation de personnes et de marchandises. Cette fermeture fut effective du 1er mars 1946 au 10 février 1948.
Le 1er janvier 1993, le grand marché unique communautaire entrait en vigueur avec notamment en matière de circulation, la suppression des contrôles aux frontières pour les hommes et les marchandises. Dès lors, les douaniers français et espagnols abandonnèrent les postes frontières.
Aujourd’hui, la notion de frontière a évolué vers celle de territoire transfrontalier : les villes et villages limitrophes sont les acteurs d’une coopération entre les deux pays de plus en plus importante dans tous les domaines (économique, politique, social, culturel…). Pour ce qui est de l’usage individuel, on ne compte plus les personnes traversant quotidiennement la frontière, car vivant d’un côté et travaillant de l’autre. La frontière semble donc aujourd’hui davantage envisagée comme une possibilité d’ouverture que comme une limite.
PH.83.19.351:
Saint-Jean-Pied-de-Port, le passage à la douane
Diapositive, reproduction de carte postale vers 1900 (éditeur d’origine inconnu, reproduction Atelier Macondo)
CP.84.15.2:
Béhobie, groupe de Carabineros, Guardia Civile, Mikleles, à la Douane Espagnole
Carte postale, vers 1900, éditeur Bloc frères Bordeaux
[NB : Les carabineros portent un képi, les hommes de la Guardia Civil sont coiffés du képi noir ; le seul portant béret est un Mikelete, officier de la milice du Gipuzkoa chargée du maintien de l’ordre et de l’administration provinciale.
CP.84.39.31:
Hendaye, pont international, à gauche, Irun
Carte postale, années 1930-1940, édition L. Chatagneau Bordeaux