Partie de pelote sous les remparts de Fontarabie

Partie de pelote sous les remparts de Fontarabie
Gustave Colin (Arras, 1828 - Paris, 1910)
Huile sur toile
H. 156; l. 191 cm.
1863
Inv. 81.7.1
Salle 21

Sous un ciel sans nuage, la foule des spectateurs est rassemblée sous les murs de Fontarabie, petite cité frontalière dressée face à Hendaye sur la Bidassoa. Il fait chaud, les pieds nus ou chaussés d’espadrilles légères foulent la poussière, les pantalons sont retroussés, les bérets vissés sur les têtes et les vestes jetées sur l’épaule ou au sol. Dans l’assistance exclusivement masculine, les regards sont tournés vers les pelotaris qui s’affrontent au pied du rempart.  Ils sont huit, équipés de gants de cuir, pour une partie de laxoa. Le jeu oppose deux équipes de quatre joueurs défendant chacune leur camp dont les limites mouvantes bougent au fil des points. Le juge, que l’on distingue adossé au rempart, vêtu d’un veston rouge, matérialise les lignes de jeu en déposant une branche au sol. Le parieur est là, au premier plan, personnage incontournable des joutes de pelote. Tournant le dos aux joueurs, il est occupé à annoncer la cote et à récolter les mises.
Héritier basque des jeux de longue paume médiévaux, le laxoa est très populaire jusqu’au milieu du XIXe s., des deux côtés de la frontière. Il sera progressivement supplanté par les nouvelles pratiques nées des améliorations techniques des instruments (pelote à noyau de caoutchouc et invention du chistera en osier).

Natif d’Arras, Gustave Colin visite les Pyrénées et le pays Basque en 1858. Il se marie et se fixe à Ciboure en 1860. Elève de Constant Dutilleux puis de Thomas Couture, il expose au Salon de Paris à partir de 1857 jusqu’en 1863. Cette année-là, sa « Partie de pelote sous les remparts de Fontarabie » n’est pas reçue mais obtient un grand succès chez les « Refusés ».
 
 
 

 


 

 

 

Disciple et ami de Camille Corot, qu’il invite à Ciboure en octobre 1872, il partage avec lui le goût du paysage traité d’une palette claire au service de la lumière et de la couleur. Avide de plein air et de vérité, Colin peint inlassablement le Pays Basque côtés français et espagnol, saisissant l’essentiel d’un paysage ou d’un spectacle populaire. Sa touche franche et spontanée se plie aux exigences de l’évocation. L’exécution est vigoureuse. Grand coloriste, il trouve des accords éclatants mais aussi des harmonies subtiles et délicates. Ce tableau appartient à la manière de ses débuts : pâte épaisse, formes puissantes solidement construites par touches juxtaposées. La composition géométrique aspire le regard au centre du jeu de pelote dans un prisme formé des lignes des murailles opposées à celles des gradins chargés de spectateurs. Une ombre au sol, au premier plan, cadre la base de l’objectif du peintre dont l’œil est quasi-photographique. En équilibrant la position et la proportion des joueurs, Colin rend palpable la tension du jeu. Mais la foule des spectateurs participe au décor plus par la vivacité des couleurs et la nonchalance des attitudes que par la force de l’attention.