La baie de Saint-Jean-de-Luz

Ce tableau de Léon Bonnat, représentant la baie de Saint-Jean-de-Luz, a été donné à la Ville de Bayonne et affecté au musée à l’occasion de la reconstitution de la chambre du peintre en 1928. Bonnat le conservait dans son hôtel particulier parisien. 

Construit en 1879 au n° 48 de la rue de Bassano, l’immeuble abritait une partie des magnifiques collections que l’artiste projetait déjà de léguer à sa ville natale. Il s’y était réservé une modeste chambre à coucher que le musée tente de reconstituer quelques années après sa mort, en rassemblant les principaux éléments du mobilier. Cette vue de la baie de Saint-Jean-Luz, seul tableau de la main du maître, côtoyait les oeuvres de Rubens, Ingres, Corot et Barye.
Il était accroché au-dessus d’un grand miroir formant le trumeau de la cheminée. Associé à deux tableaux de son ami le peintre Joseph Saint-Germier, toulousain d’origine, il apportait une touche affective au décor de cette chambre, comme une évocation discrète du Pays Basque dans l’univers mondain et parisien de Bonnat.

 

 

 

Cette petite toile au format intimiste semble une fenêtre ouverte sur la baie de Saint-Jean-de-Luz par une belle journée d’été. Dans une composition très épurée, la plage apparaît baignée de soleil, sous l’azur pur nettement séparé du bleu franc de l’océan par la ligne d’horizon. L’ourlet d’écume qui rafraîchit la grève fait écho au tréteau de charpente blanc éclatant qui émerge au bas du tableau ; l’affleurement de rochers blonds au premier plan répond à l’avancée de la colline Sainte-Barbe qui barre l’horizon.

 

Ce paysage a été peint avant 1873, date à laquelle démarrent les travaux de la digue de Sainte-Barbe ordonnés quelques années plus tôt par Napoléon III. Il est dans la même veine que les études à l’huile que Léon Bonnat brosse sur le motif lors du voyage qu’il effectue en 1869 au Moyen-Orient avec un petit groupe d’artistes emmené par le peintre Gerôme. Le paysage est l’une des expressions la moins connue de l’œuvre de Bonnat et ce petit tableau pourrait être parmi les derniers peints par l’artiste, qui à partir des années 1870, se consacre exclusivement au portrait.