Famille de pêcheurs et paysans

Sur fond d’océan, quatre maisons blanches, celle de droite à pans de bois rouges, s'étagent sur la crête des falaises de la côte basque. Au premier plan, deux groupes de personnages qui équilibrent la composition, font figure d’icônes du labeur de la terre et de la pêche artisanale, deux activités séculaires des villages côtiers labourdins.

La famille de paysans réunit les trois générations qui vivent dans l’etxe (maison). Au bord du champ, le jeune père de famille a quitté l’attelage de bœufs pour rejoindre l’épouse et son bébé. Appuyé sur sa bêche, il regarde son fils jouer dans les bras du grand-père.

Les deux pêcheurs qui s’avancent en vêtements de travail semblent se rendre au port ; leurs paniers sont vides et le plus âgé, visage buriné, transporte une longue rame de traînière. La gracieuse jeune fille qui les accompagne porte sur la tête une large corbeille de poissons, probablement des sardines, dont la pêche alimente les conserveries des ports de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. Elle est emblématique des « Cascarotes », ces femmes de pêcheurs qui sillonnaient la côte pour vendre le poisson frais jusqu’à Bayonne. Ces trois personnages symbolisent la pêche artisanale, fluviale et côtière, qui suffit aux besoins alimentaires de la population locale jusqu’au milieu du 19e s. avant de décliner avec le développement des ports industriels.

Ce tableau est une illustration du Pays Basque selon Ramiro Arrue (Abando, 1892 – Saint-Jean-de-Luz, 1971). L’artiste biscayen, formé à Paris, sacralise le quotidien des Basques en puisant son inspiration chez Puvis de Chavannes, Paul Gauguin et Maurice Denis. Il exalte le juste repos et les fruits du travail, la famille réunie, signe de pérennité humaine, et le paysage immobile à peine effleuré par la saine activité des hommes. Il met en valeur la simplicité et la rusticité des mœurs, transformant ses figures en solides symboles qui vivent en harmonie avec une nature bienfaisante et intemporelle.