Gouvernail d'étambot
Bois sculpté et peint, métal
h : 145 cm ; L : 45 cm
Boucau, fin 18e s.
Inv. n° 2717
Salle 15
Ce gentil monstre marin est né de l’imagination d’un riverain de l’Adour, un membre de la famille Bonneton du Boucau, qui l’a sculpté dans une pièce de bois à la fin du 18e s.
Son effigie ornait l’extrémité du gouvernail d’étambot qui, positionné à l’arrière d’une embarcation, servait à la diriger. Une barre qui venait s'encastrer dans un orifice prévu à cet effet situé derrière la tête de l'animal, permettait de le manoeuvrer. L’une des premières représentations du gouvernail d'étambot se trouve, sur la clef de voûte du transept sud de la cathédrale de Bayonne, sculptée au 14e siècle (Cf : Parcours Mer – Interprétation de la nef bayonnaise).
Avant 1914, l’Adour et quelques-uns de ses affluents sont classés comme rivières navigables. Depuis Saint-Sever jusqu’à Bayonne, 125 km de voie fluviale sont empruntés quotidiennement par de petites embarcations adaptées aux conditions de navigation en rivière. Ce sont des bateaux à fond plat, à bords plus ou moins relevés à mesure que l’on approche des flots de l’océan. En plaine, la majeure partie du bassin de l’Adour est accessible à la marée : le courant alternatif engendré fournit, avec le vent d’ouest dominant et le courant fluvial de direction est-ouest, des moteurs naturels permettant le va-et-vient aisé des bateaux.
L’Adour est jalonné de petits ports à cales en pierre, seule la portion maritime de Bayonne ayant permis l’aménagement de quais. Le transport de matériaux de construction et de produits agricoles issus de l’arrière-pays génère un flux constant de bateaux, galupes et gabarres essentiellement. Sur la zone mêlant eau douce et salée, riche en poissons, qui s’étend du port d’Urt jusqu’à l’embouchure et remonte jusqu’à Villefranque sur la Nive, les bateaux de pêche, plus petits et maniables, sont nombreux et variés. Parmi eux se distingue la tilhole, typiquement bayonnaise.
Tous ces bateaux pouvaient être adaptés au transport de passagers.
Jusqu’au 19e s., les propriétaires des grands domaines des bords du fleuve utilisaient des chalands, habituellement dédiés à la pêche, qu’ils faisaient décorer et agrémenter de tentes luxueuses pour leurs déplacements en ville. Le gouvernail d’étambot présenté ici ornait l’un d’entre eux.